Écrits, enregistrements et videos
Les notes de terrain et les explications du collectionneur Martial Ançay, sont une source primordiale de renseignements ethnologiques précieux sur les objets récoltés.
Les écrits, enregistrements et vidéos du Musée sont en cours de catalogage et sont introduits, au fur et à mesure de l’avancement de ce travail, dans une base de données accessible au public.
Pour consulter les principales caractéristiques des objets ayant trait au savoir-faire alpin ou à l’hydroélectricité vous pouvez y accéder ICI.
Si vous voulez avoir accès à des données plus complètes sur tel ou tel objet, veuillez svp nous laisser un message sous l’onglet “nous contacter”. Nous vous renseignerons avec plaisir.
NB : cette base de données provisoire est sujette à modifications. Son contenu est présenté sous toutes réserves !
Tout téléchargement dans le but d’une publication engage l’utilisateur à mentionner la source “Musée de Fully” ou la source spécifiquement mentionnée. ( CH-LDA art. 25 – 28)
Voici un exemple d’un type de notes, décrivant le plumet présenté ci-dessous.
Voici trois textes choisis parmi d’innombrables autres:
Le sulfatage des vignes
Avant l’installation de la conduite d’eau dans les vignes, vers 1945, il fallait se débrouiller pour acheminer l’eau nécessaire. Souvent, une deuxième personne maintenait l’eau avec la brante à vendange. Parfois, heureusement, il y avait quelques sources et des torrents où l’eau coulait tout l’été.
Je me souviens quand je devais sulfater notre vigne dans la Combe des Javozier. Je venais prendre l’eau dans le bisse qui arrosait la châtaigneraie. A Champlan, on venait jusque vers le torrent des Rives. A Tassony c’était aussi le même torrent ou la source qui alimentait en son temps le hameau de Tassony.
En haut de la Combe d’Enfer, c’était la même source qui alimentait Tassonières qui servait au sulfatage.
C’était parfois des problèmes ardus à résoudre. De là, est venue l’idée de construire des guérites afin de récupérer l’eau du toit qui était acheminée dans un tonneau ou une citerne. Mais attention lors de sécheresse !
Pour en revenir au torrent des Rives, ainsi appelé parce qu’il suivait la rive d’Euloz, de la plaine au Planuit, on le nommait aussi à Euloz le torrent de « tsenovaïre » à cause qu’on y avait aménagé une espèce de gouille pour y mettre tremper le chanvre. (tsenovaïre vient du patois de chanvre : tseneve).
Mais aux Meillerines on disait le torrent de la « riche » car en amont du hameau il y avait une scie actionnée par l’eau du torrent, ceci vers 1860.
Les murs de vignes
Les murs de vignes, on en parle beaucoup aujourd’hui car on veut les protéger à tout prix.
J’ai participé mainte fois à monter des murs, que ce soit murs de vignes ou de soutènement, de chemins, de sentiers. J’ai même confectionné, comme seul maçon, un fortin avec fenêtre à meurtrière, mais ici c’était avec du mortier, ceci en 39-45
En principe, les murs de vigne étaient montés à sec et c’est pour cela qu’il fallait connaître la façon d’entasser les pierres si on ne voulait pas les remonter l’année suivante, et voici une petite anecdote : un passant voulant donner des conseils à un homme en train de relever un mur affaissé durant l’hiver se voit répondre : « tu me renseignes pas…car c’est la troisième fois que je relève ce mur ! «
Il fallait donc des règles strictes à appliquer si l’on voulait que le mur tienne.
Il fallait d’abord préparer le fondement et lui donner une inclinaison côté amont qui corresponde au « fruit » dont les gabarits indiquent l’inclinaison. Mettre surtout les plus grosses pierres en premier au fond du fondement, ensuite, chaque pierre devait être mise de façon qu’elle soit bien calée et croisée entre elles.
Si par exemple, le mur avait un côté en terminal, il fallait alors faire un croisement spécial avec les pierres en bordure.
Une fois le mur relevé jusqu’à hauteur suffisante, il fallait faire la rasée, ceci avec des pierres présentant un côté plat qu’on appelait les couvercles et si le fond de la vigne était un passage quelque peu fréquenté, il était nécessaire de bien aplanir et surtout de bien caler. Que ce soit les pierres d’angle ou de la rasée, il fallait souvent aller les chercher très loin, soit sur le dos, ou avec le brancard à deux porteurs. Là où c’était possible, on pouvait utiliser le bayard. Il arrivait souvent, lorsque qu’il y avait beaucoup de neige en hiver et les pluies du printemps qui alourdissaient, que quantité de murs tombaient.
Comme chacun ne pouvait pas se payer un maçon, les paysans ayant la force de remonter chaque printemps des murs plus ou moins importants, se mettaient chacun à l’ouvrage et s’improvisaient maçon. Il y avait bien sûr les subsides de l’Etat ou les R.C. mais certaines années ça grevait beaucoup le budget du ménage. Certains murs qui ont été montés correctement résistent à plus de trois cent ans d’existence.
Mais à Fully, nous n’avons en général que des pierres de moraines difficiles à tailler, alors que dans l’Entremont on a le fameux granit qui se laisse tailler comme du sérac.
Aujourd’hui, les rôles sont inversés, pour ainsi dire : l’Etat subsidie des cours de montage de mur à sec, tandis qu’on diminue les subsides destinés à maintenir l’exploitation de la vigne. C’est le mur qui compte, tandis que la vigne, si elle est en dehors de la zone à construire, n’a bientôt plus de valeur, elle va disparaître.
Voici un passage d’un enregistrement choisi parmi d’innombrables autres:
Les vignes
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Les scieurs de long
J’ai parlé dans mes écrits du travail des scieurs de long mais une petite histoire peut faire comprendre combien il était important de savoir aiguiser la scie, cela comme pour l’aiguisage de la faux, car le travail était facilité ou rendu plus pénible et moins rentable selon la façon dont on aiguisait la scie.
Quand on sciait à la « barbanne », c’était à chaque descente de la scie qu’on jugeait de l’avancement de la lame. Si, au lieu d’avancer de 4 à 5 cm à chaque descente, elle avançait d’un ou deux cm, il fallait répéter le mouvement plus souvent pour un même avancement.
Ceci dit, deux équipes de scieurs de long avaient pris à tâche de scier planches et chevrons pour la construction d’un bâtiment à Jeur-Brûlée. Ils installèrent les tréteaux et commencèrent à débiter les planches. Seulement le soir, une des équipes but un verre en chantant et l’autre équipe, fourbue de fatigue après avoir débité un maigre lot de planches n’eut pas le courage de souper et plutôt envie de pleurer que de chanter. La personne qui m’a raconté cette histoire n’est autre que Simon Granges, le même qui avait enseigné à aiguiser la scie à mon frère Adolphe. Il me raconta alors que, pris de pitié pour la 2ème équipe, il lui enseigna la façon d’aiguiser la scie et, le lendemain soir, ils purent trinquer et chanter ensemble !
Ceci fait penser à l’emploi de ciseaux à bois et j’ai assisté à son aiguisage en faisant tourner la meule à eau pendant que mon frère Adolphe affûtait le ciseau. Cela pouvait durer plus d’une heure, ceci jusqu’à ce qu’il puisse raser les poils de son bras.
Il suffit de contempler les découpes ou, par exemple, les queues d’aigles sur des tiroirs anciens ou autres, pour voir avec quelle précision elles étaient faites, alors qu’il n’y avait pas de machines spéciales, mais il fallait toujours des outils très tranchants.